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Nicolas Jolivot
5 mars 2021

Tour de France, autour d'ailes (1)

La Couvertoirade

Aveyron / 16 - 20 décembre 1991

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J’ai passé ma première nuit à la Couvertoirade installé sur le parking et sous un silence absolu. Le matin, le brouillard s'est levé doucement tandis que je cherchais un point de vue pour dessiner la tour arasée du moulin du Rédounel. Dessiner un moulin est une bonne façon de rencontrer les gens, la preuve : au bout d’une demi-heure, deux artisans couvreurs me proposaient du travail contre 40 francs de l’heure avec le repas du midi offert. Tope la ! Les trois jours suivants, j’ai transporté de larges pierres, des lauzes, en grimpant une échelle pour les déposer sur l’espalier de stockage du toit. La nuit, je montais ma toile de tente dans la salle supérieure d’une des tours d’entrée du village. Je ne gênais personne, le village était désert en cette saison. Quand j’ai perçu mes 650 francs de salaire, je me suis offert la dernière nuit au gîte communal où, seul encore, j’ai allumé un feu réconfortant dans la cheminée. Le moulin du Rédounel a été entièrement restauré en 2009.

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Castillon du Gard

Gard / 20 - 24 décembre 1991

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A midi, j’ai quitté La Couvertoirade sous des bourrasques de neige. J’avais froid aux pieds car mes semelles s’étaient percées en travaillant sur le toit. Peu avant la nuit, du côté de Saint-Pierre-de-la-Fage, alors que je commençais à chercher un endroit pour planter ma tente, un motard s’est arrêté à mes côtés et m’a demandé où j’allais ainsi, au milieu de nulle part. Ma réponse fut assez évasive pour qu’il me propose de m’emmener à Saint-Guilhem-le-Désert, un village que je ne devais pas manquer de visiter d'après lui. C’est ainsi que j’ai parcouru avec mon gros sac une vingtaine de kilomètres à l’arrière d’une moto, mais pas n’importe quelle moto, un engin presqu’aussi impressionnant qu’une moissonneuse batteuse et qui porte un nom qui me convenait parfaitement : une Honda Goldwing !

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La nuit sur le terrain de sport de Saint-Guilhem fut extrêmement mouvementée. Le vent d'autan soufflait avec une violence inouïe. Les flancs de la tente s’aplatissaient jusqu’à me toucher le corps dans un vacarme de barrage qui cède. Il a fallu que je me relève pour amarrer la toile à des poteaux de clôture. La nuit suivante, au bord du terrain de foot de Ganges, le vent n’avait pas molli. Les volets des maisons claquaient, les cordes à linge sifflaient et la banderole d’accueil de la petite ville me souhaitait de bonnes fêtes de fin d’année, tire-bouchonnée au pied de l’un de ses deux poteaux.

Au terme de deux journées de marche, je suis arrivé à Castillon du Gard. En dessinant un moulin, j’ai aperçu au loin le Pont du Gard. Je me devais d’aller faire connaissance avec ce momument fort célèbre ! Notre rencontre fut assez intime puisqu’au moment où la nuit vint, et pour me protéger des rafales plus calmes du vent, j’ai installé ma toile de tente à l’entrée sud du conduit de l’aqueduc, tout en haut. Elle s’insérait au centimètre près. Une fois couché dans mon duvet, la sensation était merveilleuse ! Aujourd’hui, cette relation toute simple avec ce lieu naturel et architectural ne peut plus se faire. Le pont du Gard a été transformé en complexe muséographique et touristique, le site est clos, et l’entrée payante (10 euros).

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