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Nicolas Jolivot
21 juin 2020

VOYAGES DANS MON JARDIN (14)

cineraire

 

Clairons des abeilles (Trichodes alvearius) sur séneçon cinéraire ou cinéraire maritime (Jacobaea maritima) et liseron des champs (Convolvulus arvensis).

 

hp

 

20 juin

Il y a une dizaine d'années, j'ai récupéré quelques racines d'Asclépiade de Syrie dans un jardin depuis longtemps abandonné dans le quartier. J'espérais que cette plante me donnerait ses fruits si particuliers qui ressemblent à des petites perruches (d'où son nom commun d'Herbe aux perruches). J'espérais aussi, sans y croire bien entendu, que cette plante originaire d'Amérique et hôte du monarque accueillerait la chenille de ce fabuleux papillon. Rien de tout cela n'est arrivé, jusqu'à présent, seules quelques boules de fleurs odorantes et des feuilles maltraitées par des colonies de pucerons jaunes (crytomyzus ribis) qui sont le régal des coccinelles poussent jusqu'à un mètre cinquante de hauteur. Quand des petites bestioles ennemies lui attaquent les racines, l'asclépiade ne dégage pas de substances toxiques, elle sécrète des composés volatils qui attirent des bestioles amies qui viendront dévorer les premières. Subtile…

Grenadier (Punica granatum) : l'ami Pascal m'a apporté un grenadier en pot et m'a raconté son histoire : " Nous étions il y a près de 2 ans en Crète avec une petite troupe dans un village d'un autre temps, perché sur le flanc de la montagne avec des maisons en ruine témoignant de l'exode de ces lieux. Nous faisions une pose sur une place quand une petite vieille sans âge, habillée de noir, nous a lancé depuis son jardin situé en contrebas, des grenades. J'ai récupéré des graines que j'ai fait germer et qui se sont métamorphosées en jeunes arbustes prometteurs". Il me reste à trouver le bon emplacement dans le jardin, en imaginant quelles proportions il pourrait avoir dans dix ans… / Chenille du machaon (papilio machaon) sur une tige de fenouil. / Gymnosome arrondi (gymnosome rotundatum) : une toute petite mouche qui mange les larves de punaises et qui ressemble à une chimère : un haut de mouche et un bas de coccinelle. / Bouillon-blanc (verbascum thapsus) : cette année, la plus haute hampe mesure deux mètres et dix centimètres, record battu dans le jardin ! / Achillée jaune (achille filipendula) / Coccinelle à damier (propylea quatuordecimpunctata) : coccinelle dite aussi "à quatorze points", aussi minuscule que son nom savant est long ! / Nigelle des champs (nigelia arvensis) : à ne pas confondre avec la nigelle de Damas qui a plus de pétales. Cette fleur sauvage originaire des contrées méditerranéennes s'adapte fort bien dans le nord-ouest sur des terrains calcaires.

 

1947

 

1948 : Le jardin vivrier du grand-père Jacques

Mon grand-père a passé sa vie entière dans le jardin, hormis dans les années quarante. Trop jeune pour être mobilisé au début de septembre 1939, il passa, l'année suivante, un semestre dans un Chantier de jeunesse en Provence avant d'être appelé au Service du Travail Obligatoire, dans un premier temps à Brest, puis dans une fabrique de métier à tisser près de Dûsseldorf. "Il est revenu tellement maigre et atteint du scorbut, que je l'ai à peine reconnu à  la gare" racontait Gillette, qui était sa femme depuis août 1941. Comme on disait à l'époque, il fallait, après cette période mouvementée qui sépara les amoureux, "rattraper le temps perdu". La chose fut si bien faite, qu'en mai 1946 naquit un petit Gilles puis son frère Christian trois ans plus tard. En 1947, Jacques acheta la maison et le jardin à sa mère Suzanne qui avait trouvé mari et logeait ailleurs, en acceptant par viager que sa grand-mère Eugénie et sa tante Baptistine y logent jusqu'à leur décès. Ce qui ne tarda point d'arriver. Un an plus tard, Jacques occupa à nouveau la maison et son jardin, non plus avec les lingères, mais cette fois-ci avec femme et enfant. Les conditions de vie pendant l'après-guerre étaient encore difficiles. Jacques produisit dans le jardin tout ce qu'il fallait pour vivre sans rien acheter, ou si peu : des fruits, des légumes, éleva des lapins et des poules. Chaque soir de sa vie ou presque, dès lors, il bêcha, bina, sarcla, sema, planta, tailla pour améliorer deux petits salaires, celui d'un affûteur de scies dans une menuiserie et celui de couturière à domicile. Quand elle ne confectionnait pas sur mesure les culottes des cavaliers de l'école de Cavalerie, Gillette tricotait, coupait, cousait, montait tous les habits des enfants.

Navets Boule d'orCueillette des cerises, 1950 / Tomates Saint-PierreDans l'entrée du jardin, au pied du pignon de la maison, quatre générations se rassemblent un jour d'été 1946. Des trois lingères, deux logent encore dans la maison, madame Eugénie et sa fille Baptistine. Mademoiselle Suzanne a trouvé mari. Son fils Jacques, sa brue et son petit-fils viendront bientôt occuper définitivement les lieux. / Fusain du Japon (Euonymus japonicus) : les fusains nains, en bordure d'allée dans l'entrée de la maison, ont été plantés juste avant guerre. Dans les années quatre-vingt-dix, j'ai dû les déplacer. Ils ont repris facilement. Par contre, ils sont de plus en plus atteints par la maladie. Je les taille alors très ras et ils repartent.

 

 

 

 

 

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Nicolas Jolivot
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