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Nicolas Jolivot
31 mars 2020

VOYAGES DANS MON JARDIN (1)

 

1825 : Mon jardin à la campagne

 

1825

 

Jadis, mon jardin était à la campagne.

Evidemment, il n'avait pas sa forme actuelle, et cette introduction peut paraître absurde. Pourtant, son apparence présente ne tient pas au seul fait que j'en sois devenu propriétaire et que j'y aurais tout mis en place. La consistance du sol, la forme des cailloux, et les pluies venant de l'Océan, donnaient déjà à ce lopin de terre la couleur de fond qui le caractérise encore aujourd'hui. Quand je dis "mon jardin", il ne s'agit pas d'une terre que je me serais appropriée et que je pourrais transformer à ma seule convenance. "Mon jardin" n'est pas un bien matériel, il est seulement la somme des moments où je m'y retrouve. Il est aussi à ceux qui m'ont précédé et à ceux qui m'y succéderont. Un lieu est un galon infini, les bonshommes, eux, ne sont que de simples motifs imprimés dessus. Je dis "mon jardin" comme j'ai pu dire autrefois "mon" maître d'école et je ne ne suis finalement que l'élève d'un minuscule bout de planète.

Mon jardin était donc à la campagne, près d'une rivière que personne ne connaît, sauf ceux qui habitent au bord, le Thouet. Elle coule tranquillement dans une douce vallée où l'on fait pousser des peupliers. Elle a façonné ce paysage en creusant un sol de craie et en y déposant au fil du temps des tas de sédiments avant d'aller se jeter quelques kilomètres plus loin, à l'abri des regards, dans un autre cours d'eau bien plus réputé : la Loire.

Mon jardin est sur cette terre alluviale où, pendant très longtemps, furent plantés des fruitiers, et des vignes qui produisaient du raisin pour fabriquer un petit vin local. En 1825, le premier cadastre montre sur ses planches parcheminées uniquement des parcelles agricoles et les numéros écrits à la plume se rapportant aux matrices. Les terrains sont effilés et suivent l'écoulement naturel des eaux pluviales vers la rivière. Mon jardin a déjà une existence administrative. Il se trouve sur la parcelle 44 section 016 B, qui, comme ses voisines et chaque année, nourrit la commune en taxes foncières.

 

janvier

 

1

Ce 3 janvier au matin, on dirait que toutes les mésanges bleues du quartier se sont données rendez-vous sur les cimes du sumac pour me chanter une joyeuse année.

2

5 janvier

Ce matin, sous un ciel maussade, je taille la bignone et rassemble en fagots les tiges de l'année passée pour les stocker dans la cabane à bois. Ils serviront l'été prochain à allumer les barbecues. Je suis soutenu, dans cette tâche répétitive, par Jean-Noël. Il est revenu le mois dernier, se colle à mes basques dès que je descends dans le jardin. Je l'ai reconnu tout de suite à sa façon de me regarder. Comme nous nous connaissions déjà, qu'il apparaît l'hiver, et porte un nom composé, j'ai baptisé ce rouge-gorge Jean-Noël. 

(la suite dans deux jours) 

 

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