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Nicolas Jolivot
26 juin 2011

Non, vous y découvrirez des carnets, de toutes

Non, vous y découvrirez des carnets, de toutes les couleurs, de toutes formes, oblongs, petits et immenses. Des carnets « mondains » qu’il a achetés sur place. Si Nicolas dessine et peint dans l’extrême spontanéité de l’instant ainsi que sur le motif, il ne peut travailler qu’avec les matériaux du lieu où le hasard l’a mené, de sorte que son œil et sa main d’artiste soient en phase, en « petite communion », ne serait-ce qu’avec la couleur locale : dans ce carnet du Maroc 2010, par exemple, qui n’a rien d’un « carnet rose », d’ombre au contraire, dont la couverture de cuir tanné, la reliure en papier recyclé ont été façonnées par quelque artisan caché au bas du souk de Marrakech, et dont le fond brou de noix, les encres de Chine et les rehauts de gouache blanche sortent d’une petite boutique improbable, du genre de celle dont le croquis clôture Saghro, un autre petit carnet ocre rouge, à la façon berbère. 

Des noces, ai-je lancé plus haut ? Pas des noces d’or, ni d’argent. Des noces de papier, plutôt, fussent-elles de papier kraft. Car Nicolas sait parfaitement redonner des couleurs, les véritables, à un paysage ou à un visage, avec le moindre papier et deux ou trois bâtons d’encre. 

Des noces de « papiers » que ce voyageur aux cent papiers et à la petite valise rouge sait habilement détourner : ainsi, pour dérouler les panneaux verticaux que lui ont inspirés les deux jours de descente du Fleuve bleu (le Yangzi), Nicolas « recycle » le jaune papier-monnaie que les boutiquiers de la Montagne Sacrée du Wu Dang Shan vendent pour les faire brûler dans les temples en l’honneur de leurs ancêtres. Dans les très hauts formats des Tours de Danba à Zhonglu, presque aussi abrupts que la montagne alentour et tels des stèles, Nicolas réutilise, cette fois-là, du papier de prière tibétain pour saisir dans ses lavis à l’encre de Chine noire, fardés de quelques touches rouge magenta, les lignes de telle vallée perdue, le sourire d’une jeune tibétaine Gyalrong ou l’énigme du visage émacié d’un vieux moine bouddhiste. En fait, Nicolas ne cesse de dessiner sur les « reliefs » du papier, exploitant son grain, sa texture ; il ne cesse de «  dé-signer » dans ce palimpseste le plus secret alphabet, la langue des signes de notre humanité, universelle, remariant l’image à la présence. 

Aujourd’hui, Nicolas Jolivot nous ouvre donc ses carnets de « noces », et aussi bien, ses carnets de notes instantanées. Sa main rapide funambule sur le trait improbable. Son œil concentré transpose dans l’instable équilibre de ses moments de grâce, la partition des paysages et des visages, parmi d’autres papiers collés (titres de transports, taches de pluie, feuilles de manguier etc.). 


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